VICTOIRE BRETONNE A SANTANDER
Suite à la défection pour blessure de Joëlle, Erwan convainc Pascaline de prendre la place en moins de 50. N'écoutant que son courage, sa bravoure et bien sur pour l'honneur de son pays, elle relève le défi et se met... au régime. Manque encore un arbitre. De coups de fil en rencontres, de couriels en appels, la situation devient critique. Erwan, encore lui, tentant de débaucher Tudy, tombe sur Sylvain qui, entre deux embarquements, accepte d'en être. L'équipe est au complet, l'aventure peut commencer.
C'est un congrès des jeux et sports traditionnels européens. En fait, officiellement des quilles et des jeux traditionnels, principal organisateur oblige (Federaciòn Càntabra de Bolos). Les jeux de quilles, en Cantabrie et à Santander en particulier, il y en a partout. La municipalité a même construit un magnifique bâtiment ultramoderne, la maison des quilles, le "Ti ar Bolos" comme nous avons Ti ar Gouren. Et comme eux ont le stade de foot, l'arène des toros, le palais des sports... Des milliers de spectateurs assistent aux joutes chaque week-end.
Cela se passait donc à Santander du 14 au 17 septembre 2006.
Avec le congrès, un festival des jeux et sports traditionnels d'Europe et, parmi les dizaines de jeux présentés au Complejo Municipal de Deportes de La Abericia, un sport, la lutte, les luttes, en tout cas trois luttes traditionnelles d'Europe : le gouren, le back-hold et la lucha leonesa.
Nous descendons en bus depuis Lesneven jeudi matin. Quelques arrêts emplissent peu à peu notre vaisseau. Les quilles, les boules, les palets, les dominos, les galoches dont la désormais fameuse, du moins au sein de notre groupe, la galoche à ruser bien sur. Il faudra en reparler.
Après quelque péripétie du genre rendez-vous manqué, Lauriane nous rejoint à un péage entre Nantes et Bordeaux. Nous pouvons foncer vers les Pyrénées l'esprit tranquille : tout le monde est là. L'équipe du gouren partie en mission en terre cantabrique se compte une dernière fois : Erwan Puillandre, chef de délégation, Sylvain Bégoc, arbitre, Pascaline Thiémé, - de 50, Lauriane Le Grand, - de 56, Fred Nouvel, - de 63, Régine Le Bloas, - de 70 et moi-même, Hervé Caron, délégué à tout.
Il n'y a évidemment pas qu'en Bretagne qu'il pleut (parfois) tout le monde le sait. Santander nous maintient 2 jours durant sous des trombes d'eau qui nous cantonnent dans le palais des Congrès et dans la salle de lutte où nous sommes ravis, vendredi, d'accueillir un public assez nombreux, absolument subjugué par l'entraînement et les démos des lutteuses bretonnes. Succès total. Vive la pluie.
Nous retrouvons la très attendue équipe de Leòn samedi matin pour une séance de pesée dans un couloir du palais des congrès et surtout pour une fraternisation (soeurisation ?) quasi immédiate des deux équipes. Elles partent d'ailleurs aussitôt ensemble, bras dessus bras dessous, dans le bus leonais vers le complexe sportif.
L'après-midi, nous mettons avec Antonio, le responsable de Leòn, la dernière main à l'organisation du tournoi tandis que les filles s'échauffent. Le soleil apparaît dehors et les jeux s'activent. La veille nous avons assisté dans la grande salle de pelote aux jeux de force et de taille d'arbre des basques. Une séance mémorable. Ce samedi, place aux jeux de quilles, de palets, de boules, j'en passe mais n'oublierai pas la galoche, surtout lorsqu'elle est à ruser ! Boc et Schumarer (pour des raisons évidentes nous emploierons ici les pseudonymes des principaux animateurs) nous ont avec un enthousiasme inoxydable, initié à ce jeu du Huelgoat qui consiste à jeter la galoche le plus près du piquet, de la ruse, enfin quelque chose comme ça. Plus qu'un jeu, un état d'esprit, je dirais même, une philosophie.
Les gradins de la salle cependant s'emplissent un peu tandis que nous lançons la compétition par le gouren.
Chaque lutteuse rencontre deux adversaires : celle de son poids et celle de la catégorie au dessus. Les Bretonnes sont très concentrées, les leonaises aussi, bien qu'apparemment souffrant pas mal des pouces, des genoux et des chevilles. <doc479|center> Mais dans le combat elles ne cèdent rien, Pascaline en fera l'amère expérience. Vaille que vaille toutefois nos lutteuses marquent des points et volent vers la victoire : 24 à 12, c'est super.
Back-hold. Sur ce terrain les Leonaises sont plus à l'aise (c'est bien connu). Leur style de lutte en est très proche, bien qu'elles utilisent une ceinture dans laquelle on glisse le pouce dans le dos. C'est la différence avec le style écossais. Elles nous le montrent à l'entracte au cours d'une démonstration et font participer volontiers les Bretonnes. Voilà un échange comme nous les aimons dans notre monde des luttes traditionnelles. Sport et culture, bien sur, et toujours.
Le tournoi de Back-Hold est au moins aussi passionnant que le tournoi de Gouren, d'autant que le public comprend plus facilement les résultats. Au micro depuis le début, avec Antonio, nous expliquons en multilingue les règles et les péripéties des combats. Les Leonaises sont vraiment très combatives et plusieurs engagements vont jusqu'à 3 tombés à 2, ce qui à pour effet de chauffer la salle. <img482|center> Mais nos lutteuses sont décidément très en forme, la victoire finale ne leur échappera pas. 25 à 17, score final en lutte écossaise, c'est plus que bien.
Au total : Bretagne 49, Leòn 29. S'ensuit un échange de t-shirt plus que fraternel (soeurternel ?)
et tandis que les responsables, gardant la tête froide, se précipitent à l'AG de la FILC, les filles prolongent l'échange au restaurant du complexe sportif.
Nous nous retrouverons plus tard l'équipe du gouren au complet Plaza de Canadio en plein cœur de Santander, les Leonaises ont malheureusement du reprendre la route, pour une soirée à l'espagnole bien méritée.
Le long et pénible voyage du retour n'effacera pas nos chauds souvenirs, dont quelques-uns furent vivement animés par nos camarades de la galoche à ruser, merci les gars. Et bien entendu par cette excellente rencontre entre filles certes adversaires mais déjà amies. Rendez-vous est pris pour le championnat d'Europe à Leòn en avril 2007. Les garçons seront également de la partie, et surtout au bas mot 8 ou 9 équipes de toute l'Europe. Vivement l'année prochaine.
HC